Inondations au Sénégal : Pourquoi chaque hivernage rime avec angoisse ?

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Chaque saison des pluies au Sénégal réveille la peur des inondations, entre infrastructures insuffisantes et urgence climatique. Découvrez pourquoi chaque hivernage rime avec angoisse.

Chaque année à l’approche de l’hivernage, le Sénégal retient son souffle. Les premières gouttes de pluies pourtant tant espérées par le monde de l’agriculture provoquent une angoisse indélébile : celle des inondations qui paralyse le pays. En effet depuis des décennies, le Sénégal reste paralysée par ce phénomène. Pour comprendre cette situation, il examiner de manière approfondie et analytique du mystère quasi récurrent qui transforme en malédiction urbaine une bénédiction pluviale.

Inondations au Sénégal, les bassins de ...

      I.            Un mauvais rapport qui revient sans cesse

L’ampleur du dommage fait par les inondations au Sénégal montre la gravité du problème. En 2024 la pluie a causé des dégâts énormes : 729 inondations enregistrées, 47 306 maisons effondrées; 2915 greniers et magasins sans oublier les milliers de têtes de bétail emportées et centaines d’hectare agricole ravagés. Ces nombres donnés par le ministre de la santé et du développent social montre l’ampleur d’une catastrophe qui se répété avec régularité inquiétante, le phénomène n’est pas neuf. Depuis 15ans le pays est touché par de grandes inondations: touchant surtout Dakar, sa banlieue et d’autres régions. Cette récurrence change ce qui devrait être un évènement rare en une fatalité normale.

   II.            Les racines du mal 

1.   une urbanisation chaotique

La première cause de cette vulnérabilité découle d’une urbanisation anarchique qui a méconnu les contraintes naturelles. A Dakar, la croissance urbaine contribue à accentuer les inondations. Les constructions se multiplient à l’extérieur des zones naturellement inondables ; notamment dans les bas-fonds et les anciennes mares. On peut citer ainsi l’exemple de la cité Fayçal à Camberéne où  se tenaient autrefois des courses de chevaux. Cette zone de rétention d’eau a été couverte de béton en suppriment sa capacité d’absorber naturellement. Cette manière de construire sans planification se produit dans toute la banlieue dakaroise créant un effet imperméabilisation masses des sols.

2.   Un dispositif de drainage défaillant

Le deuxième élément à prendre en compte est le sous-dimensionnement des infrastructures. Les systèmes de drainage, lorsqu’ils en existent, sont souvent insuffisants. Les réseaux d’évacuation des eaux pluviales, dimensionnés pour des pluies moyennes, saturent rapidement pendant les intempéries les plus fortes. Cette défaillance est à l’origine du fait qu’après quelques heures de pluie certaines rues se transforment en fleuves et les maisons en terres.

3.   Le réchauffement climatique : un multiplicateur des risques

Le réchauffement climatique aggrave la situation en altérant les régimes de pluviométries, les précipitations deviennent plus intenses et plus concentrées dans le temps, dépassant ainsi les capacités d’absorption des sols et des infrastructures. L’intensification des pluies transforme les systèmes d’assainissement déjà défaillant en véritables gruyères.

Pour l’UNICEF, le Sénégal présente des vulnérabilités chroniques et saisonnières essentiellement dues au réchauffement climatique, des inondations fréquentes dans des zones urbaines, surtout pendant la saison des pluies.

4.   Les zones vulnérables et l’impasse de la gestion réactive

§  Les quartiers populaires de la banlieue dakaroise concentrent les plus grandes vulnérabilités, Guédiéwaye, Pikine, Keur Massar, construits souvent sur d’anciennes zones marécageuses, deviennent des lacs lors des grandes pluies. Ces zones périurbaines où se concentrent les populations les plus pauvres cumulent tous les facteurs de risques : habitat précaire, absence d’assainissement et implantation dans les zones inondables.

§  Les catastrophes liées aux inondations sont prise en charge au Sénégal de manière plutôt réactive que préventivement, là encore. Les mêmes systèmes d’urgence sont mis en œuvre chaque année : pompage des eaux stagnantes, aides rivières apportées aux sinistrés, relogement d’urgence. Certes, ils doivent être appliqués. Mais cela ne règle pas le fond du problème, c’est-à-dire la question des causes structurelles. Dans une logique de reconstruction à l’identique, il n’est pas étonnant que l’on continue à reproduire les mêmes vulnérabilités.

Le point sur les inondations au Sénégal ...

III.            Des initiatives qui portent leurs fruits pour 2025

Face à cette répétition, les autorités sénégalaises veulent faire preuve d’innovation. Au titre de l’hivernage 2025, le gouvernement a mis en place un dispositif d’urgence renforcé, avec des innovations dans la gestion des inondations. L’Office National de l’Assainissement du Sénégal (ONAS) a lancé des opérations pré-hivernage anticipées, en vue de nettoyer les réseaux d’assainissement et de préparer les infrastructures.

« Le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, a annoncé des innovations majeures pour optimiser la gestion des inondations, et peut être a-t-on enfin pris acte que pour sortir de l’ornière, il faut passer à une approche préventive ».

IV.            Des solutions durables : il faut revoir l’aménagement urbain

Pour sortir du cycle infernal des inondations, le Sénégal doit revoir en profondeur son approche dans l’aménagement urbain. Les solutions techniques existent : construction de bassins de rétention, améliorations souhaitées du régime des systèmes de drainage, respect des zones naturelles inondables.

Mais bien plus que des travaux d’infrastructure, toute la philosophie de l’urbanisation doit changer. On ne doit plus penser construction anarchique, mais planification soumise à des règles naturelles. Les zones de rétention naturelles doivent être préservées, les constructions en zone inondables interdites et les systèmes d’assainissement correctement dimensionnés, en tenant compte des nouveaux défis climatiques.

Inondations au Sénégal : où sont passées...

  V.            Un défi de développement durable

Les inondations survenues au Sénégal mettent en pleine lumière les contradictions d’un développement urbain mal équilibré. Chaque hivernage est anticipé avec angoisse dans ce pays qui n’y parvient toujours pas à construire un compromis entre l’essor urbain et la protection de l’environnement. L’habitude de la répétition de ce phénomène constitue un échec collectif dans la gestion de l’espace urbain. Les solutions ne viendront pas seulement des mesures techniques prises, mais d’une prise de conscience partagée de la nécessité de reformuler le modèle de développement urbain. En effet, tant que nous continuerons à bâtir dans la zone à risque d’inondation, à imperméabiliser sans mesure les sols et à éluder l’assainissement, notre pays subira à chaque hivernage la même angoisse.

 Premières pluies, Le Sénégal renoue...

La portée de l’enjeu dépasse « la simple gestion des catastrophes » : il s’agit de construire un modèle de développement urbain durable en faisant de la pluie une bénédiction et non une malédiction.

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